La Vie, le Mouvement

Trois heures de pose avec son bébé de trois mois ; une séance inoubliable ...

C'est une Fille !

La Vie

Prodige insondable, paraissant pourtant si banal, nous sommes une des multiples formes de la Vie, nous sommes en permanence baignés par et dans la Vie. On la distingue évidemment dans chaque autre être humain, dans chaque animal, et dans chaque végétal, mais elle est aussi bien dans le règne minéral et peut-être aussi, dans une certaine mesure, dans chaque objet qui nous entoure.

Parmi ces objets, certains me semblent plus "animés" que d'autres. Nous ressentons cela diversement en fonction de la sensibilité de chacun, de ses propres filtres ou capacités de perceptions subtiles. Il me semble cependant que la "densité de vie" des objets est variable.

En tout cas, ma démarche est fondée sur la conscience de cette Vie lors du façonnage de mes sculptures et dans sa considération pour ce qu'elle a de transcendant.
En pratique, je m'attache à reconnaître, à préserver et à respecter la Vie qui se trouve depuis la nuit des temps dans le minéral naturel qu'est l'Argile. Quand je la travaille pour réaliser une Sculpture en "mode Sensible", il m'importe, lors de l'ébauchage, de la laisser se nourrir de l'énergie de vie qui émane du modèle vivant qui danse devant moi, puis de laisser ces vies s'entremêler, un peu comme lors du miracle d'une fécondation.
Je suis le témoin de ce prodige dès les premières minutes de l'ébauchage, puis le garant de son développement propre par la suite.
C'est alors mon rôle et ma responsabilité que de veiller, comme une matrice féminine sur son fœtus, et d'accompagner la croissance de la vie conjuguée jusqu'à son plein épanouissement dans l'achèvement de la sculpture ; nouvelle forme incarnée finalement accouchée des entrailles de mon four.

Le Mouvement

Les modèles vivants dont se nourrissent mes sculptures ne "posent" pas, ils sont sans arrêt en mouvement. Ce qui m'a donné l'accès à la sculpture, c'est précisément cette situation qui mettait en "échec" mes capacités d'analyse visuelle et de reproduction de ce que je voyais. C'est évidemment ce qui se passait tandis que ce danseur de la troupe de Jean Claude Galotta venait poser pour nous à l'ACDA.

Dans la tentative de reproduction du visuel, je crains de développer une aptitude intéressante, voire séduisante. Mais dans une approche vers un rendu réaliste, je crains de déboucher sur un travail dépourvu de vitalité, stérile en matière de créativité , .... un objet.

Pour mon bonheur, le mouvement incessant rend futile la recherche de repères morphologiques visuels. Il est alors indispensable de capter autre chose qu'avec les yeux...
C'est ce que je dénomme "l'énergie du mouvement" (faute d'une expression plus pertinente), qui féconde ma terre (matière vivante), concevant ainsi l'embryon de la future sculpture. Quand je travaille dans le mode que j'appelle la "sculpture sensible", je m'efforce d'avoir le moins d'intention possible en ce qui concerne la posture finale et le message qu'elle délivrera. Je suis la matrice, qui héberge cet embryon qui contient déjà tout ce que sera la sculpture finie. Mes mains sont au service de la croissance, aussi indépendante de ma volonté que possible, de l'œuvre finale.

C'est dans ce mode de travail  que la sculpture est en général la plus "animée", à tous les sens du terme, puisqu'elle est à la fois vivante, en mouvement, et qu'elle a sa propre âme.

Via Galotta