L’Authenticité et les Influences

Influence des affectivités authentiques

On ne se soigne pas facilement de plusieurs dizaines d'années de "vie" presque exclusivement dans l'intellect, dans l'objectivité froide et convenue des sciences et des techniques, de l'industrie et de ses relations contractuelles, surtout quand on les a aimées, avec une certaine sincérité.
Il est plus aisé, pour déjouer les pièges et les logiques anesthésiantes de ces idoles, d'avoir la chance d'être au contact d'individus authentiques, qui peuvent aussi bien être les gens les plus simples et rustiques que des artistes accomplis.
Il est alors joyeux, quoique parfois difficile et douloureux, de s'autoriser à se laisser pénétrer et porter par leurs influences.
Ainsi, mon travail évolue vers une vision moins représentative et réaliste, laissant une place plus libre à liberté, parfois à l’abstraction.
Cela se fait très progressivement, grâce à l'influence de mon entourage, de mes voisins, collègues et amis. En particulier j'apprécie la pression bienveillante de Claude Blanc-Brude (peintre, ancien directeur artistique de l’ACDA), étayée par l’exemple foisonnant et la sagesse déraisonnable d'Isabelle Peugnet (peintre, voisine et amie). L'énergie irradiée par Anne-Cécile Allegre (potière céramiste), éclaire aussi mon chemin de quelques étincelles échappées de sa vie débordante.

A l'ACDA

Influence poétique : Jeanine Dumas, organisatrice du Prix Livio Benedetti (dont j'ai été le lauréat pour l'année 2016), m'a fait un beau cadeau en me lisant  ce beau poème de Paul Verlaine duquel elle rapproche mes sculptures :

Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime

Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur, transparent

Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème

Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,

Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - je l'ignore.

Son nom? je me souviens qu'il est doux et sonore

Comme ceux des aimés que la Vie exila.

 

Son regard est pareil au regard des statues,

Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a

L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine