Ce jour -là, Nadège est venue du sud de la Drôme pour poser en mouvement pour nous à l’ACDA de St Egrève (38).
C’était une belle jeune femme qui semblait bien dans son corps et dans cette expérience nouvelle pour elle.
Cependant, pour moi, elle était un mystère particulier, et j’ai mis un moment avant de pouvoir toucher l’argile, sans que cela ne me pose de problème particulier puisque j’ai alors trois heures devant moi, et qu’il est courant que je ne touche pas la terre pendant 15 ou 20 minutes, pendant lesquelles je me place en énergie basse et réceptive.
Mais après ce temps, j’ai rapidement débuté deux ébauches en parallèle. La première, une posture à genoux haute…. petit à petit, je me rends compte qu’elle est enceinte (mon ébauche, pas du tout Nadège). Mais ça ne m’est pas inhabituel et, selon ma démanche de sculpture sensible, je ne discute pas ce qui sort de mes mains. Mais qu’est-ce qui est en train de se passer ?…
Mais oui, elle accouche, et la tête du bébé est déjà visible entre ses cuisses… Ça, ce n’était jamais arrivé et j’en éprouvais un genre de malaise. Comment allait-elle le prendre si Nadège passait voir mon travail ?
Ma deuxième ébauche est aussi une posture à genoux, mais plus basse. Et il y a quelque chose qui veut arriver entre ses jambes. Une forme allongée, grande. C’est un personnage qui se tient recroquevillé entre les cuisses de l’ébauche principale, mais il a une position bizarre, je ne comprends pas ce qui se passe. Je ne suis pas très à l’aise avec ces ébauches, il se passe quelque chose de fort, mais de très inhabituel. J’ai un peu peur, surtout de la réaction de Nadège quand elle s’approche, curieuse, à la fin de la séance de pose…..
Ce qui s’est passé ensuite était un moment très émouvant, et très éclairant quant à ce qui venait de se passer.
Quand Nadège a vu mes deux ébauches, sur lesquelles on distinguait déjà clairement les postures et les personnages, elle a tout de suite compris ce que j’avais fait, même si elle ne voyait pas « pourquoi » je l’avais fait. Elle a éclaté en sanglots et m’est tombée dans les bras…. Ses larmes ont coulé pendant un temps qui m’a semblé très long, c’était agréable, je sentais que c’était de la bonne émotion. Mon incertitudes ainsi que mes appréhensions s’étaient envolées. Je la laissais pleurer longuement des larmes chaudes et émouvantes.
Elle m’a expliqué ensuite qu’elle se battait depuis bien des années contre un traumatisme de naissance qui la perturbait considérablement dans sa vie de tous les jours. Elle était née morte, et avait été ranimée in extremis, et cela la travaillait en permanence. Depuis quelques années, elle suivait une thérapie de « Rebirth », qui l’amène à revivre le moment de sa naissance au cours des séances.
Par conséquent, sans qu’elle en ait eu conscience jusqu’à ce jour-là, et même si aucun indice visible ne le donne à penser, elle « irradie » une énergie de naissance et d’accouchement que j’ai captée et qui a conduit mes mains à la représenter dans le « dernier effort » de l’accouchement.
L’autre ébauche était tout aussi claire à ses yeux, et aux miens dès qu’elle a exprimé ce qu’elle voyait. Le personnage bizarre qu’elle a entre les jambes et en réalité son propre « Fœtus adulte », qu’elle cajole et dont elle prend soin. C’est elle-même, dans la posture fœtale qu’elle adopte dans les séances de « rebirth », avec elle-même encore qui essaye de rassurer son fœtus lors de sa propre naissance.
C’est ce genre de petit miracle qui peut se produire grâce à la pose en mouvement. En effet, n’étant pas en mesure d’observer une posture donnée avec mes yeux, je travaille avec « d’autre choses ». Je capte des messages qui ne sont pas visiblement accessibles ni affectés par l’intellect. C’est alors du « message brut » qui est retranscrit par mes mains.